La Bachata

La Bachata c’est pour la République Dominicaine ce que le tango argentin est à Buenos Aires ou la salsa est à Cuba : un symbole, une culture, une musique et une danse….

Née sur l’ile d’Hispaniola, ses racines plongent dans certains rythmes africains, comme le Son cubano et le Boléro. On peut la considérer comme un mélange de Boléro, Merengue (autre danse traditionnelle du pays), Cha-cha-cha et Tango. Principalement chantée en espagnol, langue officielle, on en trouve maintenant à peu près dans toutes les langues y compris et surtout en spanglish (mélange d’anglais et d’espagnol)

Étymologiquement, le mot « Bachata » se reportait à une réunion ou une fête, où de la musique populaire y était jouée et dansée. N’importe où : coins de rue, arrière-cours, parcs publics, etc. Ce qui reste toujours le cas et on ne peut pas marcher en Rep Dom sans l’entendre s’échapper du Colmado local (petite epicerie de quartier/bar ou l’on danse, typique du pays), elle est omniprésente. La Bachata fait véritablement partie de la culture dominicaine. La musique et la danse sont d’ailleurs inscrites sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité depuis décembre 2019.

Considérée à ses débuts comme un genre musical associé aux pauvres, vulgaire, voire immoral et indécent. Dans les années 1930, la Bachata est d’ailleurs jouée dans les bars, les maisons closes et autres lieux dits de perdition. Le terme « bachatero »(qui désignait le chanteur de bachata) était d’ailleurs péjoratif.

Les paroles sont romantiques, sensuelles voire carrément explicitement érotiques. Les textes sont souvent liés au thème de l’amour : passion, infidélité, tristesse, rupture douloureuse, amour impossible, conquête amoureuse, harcèlement, jalousie, alcool, drogue, délinquance…  

Ce n’est qu’après 1961, année de la mort du dictateur Rafael Trujillo, que le cercle très fermé de la bachata commença s’ouvrir un peu, les enregistrements en studio devenant possibles alors qu’avant, les chanteurs de bachata étaient peu connus, car ils n’avaient pour scènes que celles des fêtes populaires limitant ainsi leur succès.

La bachata commence avec celui qu’on appelle « Le père de la bachata », José Manuel Calderón qui enregistre en mai 1962, « Borracho de Amor« .  C’est ce chanteur dominicain qui va véritablement lancer la Bachata en innovant par rapport aux musiciens traditionnels de l’île, remplaçant les maracas par la güira et utilisant plusieurs instruments à cordes, à vent et le piano.

En 1964, Luis Segura sort son premier single intitulé « Cariñito de mi vida ». Cette sortie coïncide avec l’ouverture de la Radio « Guarachita » qui a beaucoup contribué à faire connaître la bachata.

A partir des années 1980, avec l’expansion des moyens massifs de communication, et le développement du tourisme, la Bachata franchira un pas important, se faisant entendre sur les stations de radio et autres médias, la chanson « Pena por ti» de Luis Segura (1982) fut l’un des plus grands succès du moment et va se répandre à travers le monde.

En 1990, le dominicain Juan Luis Guerra va lancer son album intitulé « Bachata rosa » qui battra des records de vente en République Dominicaine mais également dans le monde entier avec plus de 9 millions d’exemplaires, permettant de faire connaître ce genre musical en Espagne mais aussi en Allemagne, aux Pays-Bas, au Mexique, aux Etats-Unis, la Colombie, l’Équateur, et bien d’autres.

A partir des années 90 et 2000 la bachata fait peau neuve notamment grâce aux nouveaux instruments intégrés dans sa pratique. Elle ne se joue plus uniquement avec des guitares, mais intègre des percussions et une basse. A partir de là, elle est considérée comme une musique à part entière. Après cette évolution et cette propulsion aux sommets, une nouvelle variante de la bachata dominicaine commence à entrer sur la scène. Elle est baptisée « nueva bachata » ou « bachata moderna ».

De nouveaux artistes la propulse encore plus vers le haut comme Luis Vargas, Frank Reyes, Aventura, Monchy y Alexandra, Romeo Santos ou encore Prince Royce, Grupo Extra.…

En France, il faudra attendre 2004 pour la découvrir avec le titre “Obsession” du groupe Aventura…si si vous la connaissez forcement… (Le groupe Aventura s’est formé en 1994 dans le Bronx New Yorkais entre 4 jeunes d’origine dominicaine et portoricaine dont les leaders sont les frères Santos Anthony et Roméo). Cette chanson écrite par Anthony Santos deviendra N° 1 en France pendant 7 semaines et obtiendra un disque de platine, se classant également à la première place des hit-parades en Autriche, Allemagne, Belgique, Italie et Suisse, devenant un ambassadeur de la Bachata au niveau international.

A présent elle ne cesse de se moderniser notamment avec l’émergence de « Bachateras » jeunes et ultra féminines, provocantes comme Maria Beccera ou Rosalià même si Roméo Santos et Prince Royce restent les leaders sur les 10 dernières années et que tous les hits du moment se mixent en version bachata par des DJs dont ce sont la spécialité comme DJ Tronky ou DJC ou alors sont issues de collaborations entre ses mêmes artistes ou des artistes connus pour d’autres styles musicaux.

Mais assez parlé de la musique car son évolution a vu l’évolution de la danse l’accompagnant. Celle-ci est même d’ailleurs plus connu que la musique en général.

Cette danse latine reste techniquement très abordable même pour les débutants et ses rythmes binaires permettent une grande variété de mouvements. La base est simple : 4 pas marchés latéralement avec le pied pointé à la fin et le mouvement de hanches accompagnant le « touch » du 4ieme et 8ieme temps. En fonction de la variante de bachata que l’on dansera les pas s’accompagneront de clés de bras, de tours et d’ondulations des hanches ou de la poitrine c’est ce qui rend cette danse si sensuelle. C’est une danse qui a eu de nombreuses influences et qui a ainsi évoluée petit à petit.

On observe principalement 3 variantes de Bachata :

  • La bachata dominicaine, celle qui est la plus proche de la bachata traditionnelle, c’est une danse assez compliquée qui se danse sur des bachata rapides et qui comporte de nombreux jeux de jambes (passitos ou footwork). Elle se danse par les très bons danseurs de bachata, car elle nécessite de danser en rythme sur des demi-temps, tout en faisant des transferts de hanche. Elle nécessite un guidage très ferme et se danse souvent en position ouverte.
  • bachata moderne : c’est la bachata la plus simple, et la plus dansée au monde. Avec des passes de bras très romantiques, des tours et un coup de hanche sur les temps 4 et 8 souvent en position ouverte ou semi ouverte. Cette bachata moderne se mélange souvent avec la bachata sensual : la plus en vogue, avec des danseurs professeurs internationaux comme, Daniel et Désirée, Ronald y Alba, Carlos Espinosa y Maria Angeles etc…, chacun ayant son styling personnel et reconnaissable. A tel point que le Grupo extra a fait une chanson dédiée à tous ces maitres en la matière : bailemos !. Elle se danse sur des chansons qui ont un rythme lent et sensuel, elle comporte beaucoup de vagues et se danse avec toutes les parties du corps. Elle nécessite un rapprochement des 2 partenaires et la position habituelle est la position fermée. C’est une évolution du style moderne, avec plus d’importance à l’expression corporelle et à la variété des mouvements. Les distances courtes sont généralement utilisées avec des isolations corporelles bien marquées. Le plus important est le contact et l’expression corporelle entre le couple.
  • La bachata fusion : qui et un mélange de bachata et d’une autre danse et sa forme la plus courante :  Le Bachatango : Comme son nom l’indique c’est une fusion de la bachata et du tango et sa sensualité. Coups de pied, chutes, tours spectaculaires et pauses étudiées offrent une danse harmonieuse et romantique.

Aujourd’hui, la bachata est une danse latine officielle. Elle fait l’objet de nombreuses soirées dansantes, appelées soirées SBK (Salsa-Bachata-Kizomba), et s’invite sur la scène internationale lors de compétitions dédiées. Elle est fun et facile à apprendre (en tout cas les bases) C’est une danse sociale et sensuelle, qui fait la part belle à la complicité du couple de danseurs.